Sur le domaine maritime, entre Langueux et Saint-Brieuc, Côtes d’Armor
Le 29 novembre 2025, dans le cadre de sa formation « Comment ça marche ? : les déchets », le groupe Eglise Verte de la paroisse a visité l’ancienne décharge de la Grève des Courses.

Entre Saint-Brieuc et Langueux (Côtes-d’Armor), l’ancienne décharge littorale de la grève des Courses pose question. Comment une telle décharge s’est implanté sur le domaine maritime? Vous parcourerez son histoire. Sous une apparence presque « naturelle », vous comprendrez aussi comment un examen attentif des lieux montre son impact polluant sur l’environnement, en pleine ZNIEFF (zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique).
Enfin nous verrons divers projets devant évaluer cet impact dans une perspective de réemploi, sinon de renaturation de la Grève des courses
Son histoire


Les courses hippiques instituées en 1805 avaient pour but l’amélioration de la race chevaline, nécessaire aux besoins économiques et militaires de l’époque. A Saint-Brieuc, chef-lieu d’un arrondisement de courses qui comprenait plusieurs départements, elles furent tous les ans pendant un siècle un événement festif et populaire

Notons une plage au sud-est de cette grève des courses, et un shorre (un « herbu ») au nord-ouest
Une décharge sauvage






Une décharge d’encombrants (en rose) se constitua, sur la zone où on trouve aujourd’hui la SPA. La zone jaune devint jusqu’en 1993 la décharge publique de la ville de Saint-Brieuc et d’autres communes.

Cette décharge d’une surface de 28 ha conquis sur l’estran marin en domaine public maritime est constitué par 2 millions de m3 de matériaux divers, déposés durant 27 ans.
Ils sont censés être constitués de gravats, ferrailles, déchets industriels (plastiques et produits de traitements de métaux), déchets ménagers, boues de stations d’épuration,…
Ensuite elle fut utilisée de manière officielle par la commune de Saint-Brieuc
La fin de ce désastre environnemental et de ces dépôts sans aucun contrôle ne sera décidée qu’en 1989, par le ministre de l’Écologie de l’époque, Brice Lalonde. La fermeture n’interviendra finalement qu’au mois de septembre 1993. Le site est alors recouvert de remblais de démolition.






L’ancienne décharge, aujourd’hui
Un beau site naturel? Pas vraiment, si on regarde attentivement.

Dans le lit du Douvenant, quelques déchets émergent.





Des « piézomètres » sorte de puits, permettent les prélèvements pour analyse.






La Réserve naturelle réalisait pour la première fois en 2004 (puis en 2009) une étude précise de la composition des différentes espèces d’invertébrés présentes sur l’estran à proximité de la décharge.
Les résultats du travail montrent que la décharge de la grève des Courses modifie la composition en espèces du benthos jusqu’à une distance de 200 m de la digue. A 10 m de la digue de la décharge, on observe des peuplements très dégradés et résistants aux pollutions. De 50 m et jusqu’à 200 m environ de la décharge, on observe des peu- plements perturbés avec la présence de fortes densités de quelques espèces opportunistes. Les analyses ont mis en évidence une restauration complète des peuplements à partir de 300 m de la digue.
(La lettre,Réserve Naturelle Baie de Saint-Brieuc, novembre – décembre 2010 n°50)
Des études avaient été menées en 2017, par le bureau d’études en environnement Burgeap. Ses conclusions mettaient en avant des risques faibles
et indiquaient que l’état environnemental et sanitaire du site était compatible avec les usages actuels » . (
Ouest-France, Brice DUPONT Publié le 07/03/2019. résultats de cette étude a eu lieu ce mardi 5 mars 2019. la préfecture des Côtes-d’Armor indique qu’au terme de cette étude, « il n’apparaît aucune contre-indication au regard des usages actuels du site », avec pour objectif de quantifier « les risques encourus par les personnes ». Du gaz méthane émane en effet toujours du sol). L’objectif n’était pas de mesurer la pollution éventuelle du milieu naturel proche. Pour la prochaine étape, le temps est compté : le réchauffement climatique accélère le risque de relargage des déchets en mer, en ayant une incidence directe sur la hausse du niveau de la mer et l’érosion du trait de côte.
Tant bien que mal, le vivant tente de reprendre ses droits


Si on compare avec la photo aérienne de 2012 (plus haut), on constate que le couvert végétal s’est accru. En trente ans, une friche sur terrain et un environnement de ce type, mais non pollué, serait sans doute devenue un bois. De petits ligneux (ajoncs, prunelliers) s’il développent malgré tout. Mais la part du lion est tenue par des espèces invasives.






(Fallopia japonica)


Ces espèces invasives, généralement issues de zones tropicales, furent importées et cultivées. Mais elles se sont diffusées en prennent la place des espèces indigènes.
Des oiseaux, des rongeurs et même des sangliers fréquentent le site. Y ingèrent-ils des polluants? Les transmettent-ils au travers de la chaîne alimentaire? Une étude mériterait d’y être menée.
L’ancienne décharge a-t-elle un avenir ?
Dans le Finistère, 760 tonnes de déchets et 45 tonnes de ferrailles ont été extraites de la dune du spot de surf de La Torche (Sur près de 2 000 m² de dune. Le site est en cours de renaturation. Ces opérations ont coûté 475 000 €, intégralement pris en charge par l’État


Des études en vue
Le site de la grève des courses, qui pollue toujours, est une priorité du plan national lancé par le gouvernement, pour la «résorption des décharges littorales présentant des risques de relargage de déchets en mer »
le gouvernement s’est donné dix ans pour résoudre le problème et met trente millions d’euros sur la table au niveau national . Il a donc été proposé à Saint-Brieuc Armor agglomération et aux deux villes de Saint-Brieuc et Langueux une prise en charge totale de ces nouvelles études. “ On ne sait pas où ça nous mènera exactement, mais au moins, on aura une photo sur laquelle on pourra débattre »,” détaille le maire, Hervé Guihard. Ces études ne sont donc pas synonymes de travaux. “ Nous ne voulons et ne pouvons pas assumer seuls le coût du chantier. Ce n’est pas de notre compétence : les déchets sont gérés par l’Agglomération »,” justifie l’édile.
“ Huit maîtres d’ouvrage sont retenus à ce jour pour leurs projets de résorption de décharges, et onze autres sont en cours ou prêts à l’être ”, précisait le Cerema, en décembre 2023.
Une leçon pour l’avenir
Exhumer, trier, recycler 27 ans de déchets… C’est un travail colossal qui sera nécessaire pour redonner à cette zone un état le plus proche possible de son état initial.
Cette histoire de l’ancienne décharge de la Grève des Course nous apporte une leçon : quoiqu’il en soit, les déchets les plus facile à traiter sont ceux que l’on évite!
Réemployons, réparons, achetons d’occasion…. Et pour le neuf, soyons attentifs au caractère recyclable ou non des produits que l’on achète.
Et les déchets que nous produisons malgré tout, trions-les, compostons-les… Mais c’est une autre histoire…


